les parrains
DANIEL THIRIEZ, UN « PAPA » POUR LA CRAFT ET UN PARRAIN POUR LE LBF…

© Renaud Wailliez
Ancien diplômé de Sciences-Po Paris arrivé par hasard dans la grande distribution, Daniel Thiriez fait le pari fou de tout plaquer dans les années 90 pour vivre de son hobby : la bière façon artisanale. Se fiant à son intuition de consommateur et persuadé qu’il y avait une carte à jouer en France, ce brasseur amateur « intello » était sans doute loin de s’imaginer qu’il marquerait quelques années plus tard toute une génération de nouveaux brasseurs. Considéré aujourd’hui comme l’une des figures à l’origine de tout un mouvement sur notre territoire, Daniel nous fera l’immense plaisir d’être le parrain de cette 6ème édition du Lyon Bière Festival. Retour aux sources…
L’histoire débute en 1976 lorsque Daniel passe six mois aux États-Unis après l’obtention de son baccalauréat. Alors profondément marqué par les grands espaces et le sentiment de liberté qu’ils suscitent, il reviendra dans ce pays à plusieurs reprises. Mais ce dernier sera surtout absorbé par la révolution des home brewers qui est en train de s’y jouer avec l’apparition de brasseries artisanales atypiques et révolutionnaires comme Russian River Brewery. Trente ans plus tard, le courant craft né aux États-Unis traversera l’Atlantique pour arriver en France !
En attendant la vague déferlante sur notre territoire, Daniel Thiriez continue sa découverte de la bière commencée dès les années 70, en s’intéressant aux bières brassées dans les Flandres françaises et en Belgique. À l’époque peu de brasseries et seulement quelques-unes qui proposent des recettes renouant avec le passé brassicole de la région. Parmi ces bières, la Jeanlain ambrée de la brasserie Duyck, la Moinette Dupont ou encore la Cuvée des Jonquilles de la brasserie Au Baron. Des brasseries familiales, à taille humaine, qui produisent localement et à petite échelle, marquant toutes la renaissance d’un savoir-faire brassicole.
Ça y est, Daniel en est convaincu et il est certain de pouvoir trouver sa place en brassant des bières exhumant le passé d’un territoire, à mi-chemin entre les bières de garde et les Saisons. Après avoir bien réfléchi, il se lance : nouveau projet, nouveau mode de vie. Ça sera à la campagne et en famille. Au début, pas facile de convaincre. Plutôt le parcours du combattant même : pas d’internet pour toutes les démarches administratives et des banques qui le prennent pour un fou malgré la rentabilité en ligne de mire. Mais il sait qu’il pourra compter sur son réseau belge pour l’expérimentation de ces premières recettes et l’approvisionnement en matières premières.
Après pas moins de cinq prêts bancaires, le projet démarre en 1996 après le rachat d’une ancienne ferme brasserie dans le petit village d’Esquelbecq, situé à quelques kilomètres de la frontière belge. La Blonde d’Esquelbecq sera l’une des premières bières à sortir de la petite installation de 5 Hl. D’autres recettes suivront évidemment dont certaines comme l’Étoile du Nord (réalisée en collaboration avec John Davidson de Swale Brewery) ou encore la Petite Princesse (brassée avec Jester King) et gagneront le respect de toute une communauté de brasseurs, de la Belgique jusqu’aux États-Unis. Toutes les bières seront élaborées suivant les mêmes règles avec une levure fraîche maison.
Devant le succès grandissant de la brasserie, de nouvelles installations et de nouveaux bâtiments viendront répondre à une demande croissante. Mais Daniel garde en tête l’idée d’un projet à taille humaine et à croissance modérée, loin de la course aux hectolitres et aux investissements. Privilégiant la vente directe auprès de clients qu’elle connaît personnellement, la brasserie n’hésitera pas à se montrer sélective dans ses ventes pour alimenter les caves à bières indépendantes, épiceries fines, bars et restaurants. Devenue familiale avec l’arrivée de Clara Thiriez, la fille de Daniel, la brasserie compte aujourd’hui 6 à 7 salariés. Un pari réussi lorsqu’on le sait que l’aventure avait commencé avec tout juste un assistant brasseur !
CHRISTOPHE GILLARD, BEER LOVER PAR EXCELLENCE ET DEUXIÈME PARRAIN DU LBF

© Loïc Hergott
Les belges sont réputés pour être des êtres originaux. Croyez-moi, vous ne serez pas déçu par cet Arlonais nommé Christophe Gillard devenu un expert de la bière et surtout un monsieur très respecté dans le milieu. L’incarnation même de ce que l’on pourrait appeler un amoureux de la bière. Une relation intime qu’il partage avec elle depuis presque 20 ans et qui lui font dire aujourd’hui que les bières les plus simples sont sans doute les plus complexes…
Après avoir passé dix ans dans le domaine de la finance au Luxembourg, Chris est amené à enseigner la comptabilité et les techniques de vente. Mais son hobby, c’est la bière craft ! Et les choses prendront une toute autre tournure avec la découverte de deux brasseries pas comme les autres. La première sera Caracole, située à Falmignoul, qui est l’une des dernières brasseries au monde à fabriquer sa bière en chauffant ses cuves au feu de bois. La deuxième fera carrément office de révélation, c’est Cantillon : brasserie familiale où l’on brasse le lambic depuis 1900 et invitée d’honneur lors de notre édition 2022.
L’idée d’un projet autour de la bière se précise alors et nous ne sommes qu’en 2005 lorsque la cave Mi-Orge Mi-Houblon à Arlon voit le jour. La boutique donne le ton dès l’ouverture avec une majorité de références belges, mais aussi italiennes et américaines dont la plupart sont des raretés. Autant dire qu’à l’époque, il s’agissait de l’unique cave à bières en Belgique proposant une offre 100% artisanale et indépendante. L’endroit se taille vite une solide réputation et il n’était pas rare d’y croiser des clients américains tant l’offre sortait des sentiers battus. Combinant le métier d’enseignant et de caviste spécialisé, Christophe ne cherchera pas forcément la rentabilité et ne proposera que des bières qui lui plaisent. Un luxe…
Assez rapidement, comme investi par une mission divine de sensibilisation à la vraie bonne bière, Chris se tourne vers l’organisation d’ateliers de dégustation, d’abord réservés à ses clients puis ensuite destinés à un public de plus en plus spécialisé. Il se lance alors dans une activité de consulting à destination des professionnels qu’ils accompagnent par exemple sur la thématique des accords mets et bières (restaurants gastronomiques ou étoilés). À titre informatif, en deux décennies, Christophe aura eu l’honneur de s’adresser à plus de 23 000 personnes rien qu’au travers ses ateliers !
Ses compétences de dégustateur le conduiront en parallèle à mener de nombreuses interventions dans des concours internationaux en tant que juge (Brussels Beer Challenge, World Beer Cup, Birra Del Anno, etc.). Mais ce n’est pas tout, des collaborations avec des journalistes donneront naissance à deux ouvrages et de nombreuses collaborations verront le jour à chaque fois dans une brasserie différente (Cantillon, Mont-Salève, Thiriez, Toccalmato, etc.).
Ayant toujours privilégié la vie de famille, Christophe quitte l’aventure Mi-Orge Mi-Houblon en 2020 pour s’établir dans les Alpes où il se lance cette fois-ci dans la production. Ça sera La Fermenterie des Champs Marmo, un projet axé sur la fermentation : fermentation spontanée (élevage en barrique de moûts fermentés naturellement), fermentation mixte et indigène (fermentation en barrique et/ou fermentation de fruits, d’herbes ou de fleurs) et kombucha.
Affaire à suivre…